Ginko & Co : il est temps de ramasser les pierres

par 16/04/2024

À Bordeaux, l’éco-quartier Ginko traverse une période difficile marquée par la fermeture de Ginko & Co – la Conciergerie du quartier inaugurée en 2013 avec les premiers habitants de la ZAC Berges du Lac.

Ginko & Co : il est temps de ramasser les pierres

© Bouygues Immobilier

Si les quartiers avaient une âme, celle de Ginko serait sans aucun doute logée dans Ginko & Co. Cette conciergerie, solidaire à ses débuts puis reprise et gérée, depuis 2017, par la société Have A Good Day, est la première conciergerie de quartier à voir le jour en France. Un projet novateur à l'époque. Sa fermeture, principalement due à l'incapacité de l'établissement à atteindre un équilibre financier viable, marque une étape significative dans la vie du jeune écoquartier.

Bouygues tire sa révérence ?

Depuis 2017, la structure ne parvient pas à trouver un modèle économique pérenne, condition sine qua non pour les subventions. Bouygues Immobilier, propriétaire du local et le promoteur du quartier, avait déjà accordé un prolongement du financement suite à la crise sanitaire, mais ne souhaite plus le renouveler.

Bouygues Immobilier a exprimé son regret, soulignant que le manque de fréquentation et la conjoncture économique actuelle du secteur du commerce en France ont contribué à cette fermeture. L'entreprise a également annoncé la prochaine mise en vente du local pour un prix avoisinant 450.000 euros.

Hasard du calendrier : l'aménagement du quartier – le plus gros chantier au moment de son lancement il y a 11 ans – touche lui-aussi à sa fin.

Mobilisation des habitants et réactions des élus

La nouvelle de la fermeture a déclenché une série de réunions et de discussions entre les habitants, les commerçants et les représentants locaux. Lors d'une réunion organisée par l'Association des Habitants de l'Eco Quartier Ginko (AHEG) à l'initiative d'Alexandra MARTIN, députée REM de la 1re circonscription de Gironde (Bordeaux Nord, Bruges, Le Bouscat) à l'Assemblée Nationale, plusieurs propositions ont été émises pour trouver une solution durable pour le quartier. Parmi celles-ci, l'achat du lieu par l'AFUL – Association Foncière Urbaine Libre de Ginko – pour y installer une activité associative, une option intéressante qui mérite d'être étudiée, même si, selon l'AFUL, une telle opération n'est pas inscrite dans ses statuts et n'est pour le moment pas à son ordre du jour. Un financement partagé public/privé avec la participation d'ENGIE – exploitant de la chaufferie – ainsi qu'une gestion associative à l'instar de DARWIN ont entre autres été évoqués.

Alexandra MARTIN s'est également engagée à rencontrer les responsables de Bouygues Immobilier ainsi que les autorités locales pour définir un plan d'action concret, tout en soulignant que pour Ginko & Co, la bataille était dorénavant perdue – Have a Good Day avait en effet déjà annoncé ne pas souhaiter prolonger l'activité au-delà du mois de mars.

Le sujet refait surface lors du Conseil Municipal de Bordeaux le 9 avril 2024 à l'occasion du vote pour l'achat et l'aménagement par Bordeaux d'un espace municipal et associatif au rez-de-chaussée d'un futur immeuble à Ginko en face de l'église Notre-Dame-du-Lac. Cependant, l'immeuble Loji dont il est question prend du retard et ne sera pas livré avant 2026. Les élus de l'opposition font la réflexion sur la nécessité de s'investir dans un nouveau chantier alors que les structures existantes ferment faute de financement. La Mairie de Bordeaux Maritime par la voie de Vincent MAURIN, maire adjoint du quartier,  réitère son soutien aux habitants et sa volonté de trouver des solutions, mais refuse de subventionner Ginko & Co en tant qu'entreprise privée.

Des morts : rien sinon le bien ?

La fermeture de Ginko & Co est un symbole des défis économiques et sociaux auxquels sont confrontées la plupart des commerces dans les villes françaises. La mobilisation des habitants de Ginko montre une volonté collective de transformer cette crise en une opportunité pour repenser et revitaliser le quartier. Cependant, une question persiste : si la mobilisation des habitants est forte, la fréquentation manquante pourrait-elle indiquer que les services offerts n'étaient pas aussi indispensables qu'ils le pensaient ? Entre le désir d'avoir un service, la volonté de conserver un espace convivial et agréable et le besoin réel de celui-ci, la différence est significative. Pourrait-elle expliquer en partie le manque de succès financier de la conciergerie ?

De plus, étant spécialisée dans les services de conciergerie au sein des entreprises, Have A Good Day cherchait-elle vraiment à être rentable à Ginko, ou profitait-elle simplement des subventions le temps que cela durait ?

Les réponses apportées par la municipalité et Bouygues Immobilier restent en grande partie symboliques et peinent à offrir des solutions concrètes à court terme. Les prochaines étapes dépendront des discussions et des décisions prises par les différents acteurs impliqués, avec l'espoir de trouver des solutions durables et adaptées aux besoins des habitants.

En attendant, Ginko & Co a définitivement fermé ses portes le 28 mars dernier. Le point relais de La Poste, autrefois assuré par son équipe, est désormais repris par l'enseigne Comme Chiens et Chats *. 


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Post-scriptum

* Suite à un différent sur la rémunération et la charge du travail, le service du Relais de La Poste chez le toiletteur Comme Chiens et Chats est définitivement arrêté depuis le 30 juin 2024.

Le local de Ginko & Co a été mis en vente pour le montant de 509.520 € honoraires inclus, soit 2.945€/m2.

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