L’histoire de Ginko & Co est intimement liée à celle de Ginko lui-même. Lorsqu'elle a ouvert ses portes en 2013, la conciergerie incarnait l'originalité du quartier, jamais expérimenté à cette échelle en France, tout ce que le premier quartier écologique de Bordeaux voulait représenter : l'entraide, la proximité, un mode de vie tourné vers la solidarité. En plus de services pratiques comme un relais La Poste et un café, Ginko & Co offrait des formations professionnelles et des solutions pour les habitants : un professeur de maths pour les enfants, un "dog sitter" pour le toutou ou un coup de main local.
Pas qu’un simple commerce, plus qu'une simple conciergerie, Ginko & Co se voulait un lieu de rencontres, un point de repère pour les nouveaux habitants, un lieu où l'on « créer du bonheur ».
Conciergerie solidaire ou entreprise privée ?
La conciergerie multiservices n’arrange pas les affaires de tout le monde. En 2014, le primeur voisin dénonçait déjà une « concurrence déloyale » : la conciergerie proposait en effet des paniers de fruits et légumes, malgré, selon lui, une clause de non-concurrence. Même raisonnement en 2024, lors de la réunion de fermeture : bien que tous les commerçants reconnaissent les bienfaits apportés par Ginko & Co à l’ambiance du quartier et expriment leur soutien, ils admettent qu'il est difficile pour un « commerçant normal » de rivaliser avec un concurrent subventionné.
En 2017 la gestion de la Conciergerie est déléguée à la SASU (comprenez Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) Have A Good Day. En 2019, selon Cyril Nardy, directeur urbain pour Bouygues, Ginko & Co enregistre 1000 actions de conciergerie par mois.
La réalité économique finit pourtant par prendre le dessus sur la belle utopie. En 2023, faute de parvenir à un équilibre financier de Ginko & Co, Bouygues Immobilier, propriétaire du local et promoteur du quartier, met fin aux années de subventions qui maintenaient son activité en vie.
La Mairie de Bordeaux, pour sa part, a choisi de ne pas soutenir une entreprise privée avec de l'argent public. Fin de l'histoire.
Un local à vendre, une page qui se tourne
Le « local commercial lumineux […] au cœur de l'écoquartier Ginko » est le dernier encore en possession de Bouygues sur la place Jean Cayrol. Ce local de 173 m², situé « au rez-de-chaussée d'un immeuble mixte » et disposant d'un « grand linéaire de vitrines », est désormais mis en vente pour 509.520 € (avec honoraires), soit 2 945 €/m², par l'agence bordelaise Imo Seo Pro.
En attendant son acquéreur, le local reste désert. Il est étrange de voir une partie de l'âme de Ginko s'effacer.
© Imoseo Pro