Ce qui devait être un projet de valorisation des berges du lac de Bordeaux s’est transformé en source d’inquiétude pour les riverains et habitués du Lac – à la suite des travaux d’aménagement, une pollution des sols par des métaux lourds aurait été détectée sur plusieurs zones du site. L’usage du conditionnel s’impose, car les résultats des analyses révélant la présence de ces substances n’ont jamais été rendus publics par les autorités.
la Ville a d’ores et déjà clôturé les zones considérées comme “polluées” et installé des panneaux interdisant l’accès aux pelouses en bordure du lac, aussi bien pour les promeneurs que pour les animaux de compagnie. « Cette clôture est installée afin de préserver la santé de tous », peut-on lire sur les nouvelles signalétiques.
Remblais contaminés ?
La découverte d’un taux élevé de cadmium dans les sols en bordure du lac prend tout le monde de court — d’autant plus que ce site n’a jamais été considéré comme une friche industrielle ni comme un ancien terrain à risque. À l’origine, la zone était un vaste marais, en grande partie naturel, avant d’être transformée, dans les années 1960, en lac artificiel. Aucun passé industriel connu, ni activité de stockage de déchets, ne permet d’expliquer de manière évidente l’origine de la contamination aujourd’hui évoquée. Alors, d’où viendrait cette pollution ?
En l’absence de communication officielle, les hypothèses — voire les spéculations — vont bon train, mais les certitudes restent rares.
L’hypothèse la plus plausible, bien que non confirmée, renvoie aux travaux d’aménagement du lac lui-même. Dans les années 1960 et 1970, de grandes quantités de terres ont été apportées pour modeler les berges, créer des sentiers et structurer les abords. Or, à cette époque, les contrôles environnementaux étaient quasi inexistants. Il était courant de réutiliser des déblais urbains issus de chantiers, de voiries ou d'autres zones en reconversion.
Les remblais, constitués de matériaux divers apportés pour modeler les berges, sont enfouis sous une fine couche de terre végétale ou de pelouse, ce qui les rend invisibles à l’œil nu. Ainsi, même si la surface semble naturelle et verdoyante, le sous-sol peut contenir des matériaux hétérogènes, parfois issus de déblais urbains ou de déchets de chantier. Invisibles en surface mais potentiellement peu contrôlés, ces remblais pourraient contenir des résidus de plomb, de zinc, d’arsenic ou d’autres métaux, issus d’activités alors banales : peinture au plomb, anciennes canalisations, cendres de combustion, matériaux traités… Ces polluants peuvent rester enfouis et stables pendant des décennies, avant de remonter à la surface à la faveur de mouvements de terrain, de variations de nappes phréatiques ou de travaux récents.
Déplacement des terres
Dans le cadre des travaux, des d'importantes opérations de déplacement de terres ont été observées, surprenant de nombreux habitants. Plusieurs témoins signalent le retrait de couches superficielles de sol, déplacées vers d’autres endroits, pas loin – ceux qui sont désormais clôturées. Le projet initial ne prévoyait pourtant, selon les documents disponibles, ni modification des sols ni apport de terre, dans un souci affiché de préserver les prairies naturelles du lac.
Faute de communication officielle claire, certains habitants avancent l’hypothèse que ces manipulations auraient visé à isoler les terres polluées dans des zones spécifiques, de manière à « décontaminer » d'autres parties du site, ou du moins à les rendre à nouveau accessibles. Cette explication reste pour l’instant spéculative, en l’absence d’information publique sur la nature des polluants, les taux mesurés ou les emplacements précis des prélèvements.
L'Association des habitants du quartier dénoncent un manque de transparence de la part des autorités, notamment concernant les résultats des analyses et la chronologie des événements. Elles souligne que la zone concernée, autrefois marécageuse et boisée, n’avait pas fait l’objet d’alertes de pollution connues avant les travaux débutés fin 2024.
Autre malaise : aucune communication n'a été faite lors des déplacements de terres, qui soulevaient d’épais nuages de poussière – contaminés par des métaux lourds ? – s’élevant à plusieurs mètres de hauteur.
Des inquiétudes concernent également la plage – dont la réouverture est toujours programmée pour le dimanche 1er juin – et la qualité de l’eau du lac, potentiellement affectée par le ruissellement des eaux de pluie en provenance des berges
Composteur condamné
Quelle que soit l’origine ou la gravité de la pollution, elle a déjà fait sa première victime : pour des raisons de sécurité sanitaire, le composteur partagé, inauguré il y a deux ans par l’AHEG, sera démantelé. L’accès au composteur avait déjà été interdit sans information préalable, alors même que la gestion du composteur faisait encore récemment l’objet d’échanges avec la Ville, peut on lire sur la page Facebook de l'AHEG.
Isabelle Bertin, marraine du composteur et présidente de l'Association, déplore la décision brutale prise par la Métropole. D’autant plus qu’aucun nouveau site de compostage ne sera autorisé, la collectivité invoquant la proximité de bornes de collecte des déchets alimentaires.
Après la fermeture de la Conciergerie, Ginko voit disparaître une nouvelle initiative écologique s’inscrivant dans les concepts de “circuits courts” et de “lieux d’échanges et de rencontre” pour les habitants. Toujours sous l'œil de la Municipalité dirigée par l’écologiste Pierre Hurmic.
Le 2 juin prochain, au conseil de proximité, le maire adjoin Vincent MAURIN promet de répondre à toutes les questions.