Canal de la place Cayrol © Wikipédia
Sous le soleil de midi, les habitants de Ginko se promènent ou lézardent au soleil dans ses venelles piétonnes et végétalisées et près des noues, des plans d’eau régulant les eaux pluviales et rafraîchissant l’atmosphère.
Depuis 2011, ce quartier pousse sur les berges du lac de Bordeaux entre la cité HLM des Aubiers, le Grand Stade et le centre commercial Auchan. Près de 8 000 personnes vivent déjà dans cet assemblage d’immeubles jusqu’à neuf étages et de pavillons. 10 000 sont prévues quand les 3 000 logements seront tous livrés.
Les équipements sont arrivés progressivement : une église, deux écoles, un gymnase, une résidence senior… À Cœur Ginko, centre commercial à ciel ouvert récemment entré en service, Annick, venue de Paris l’an dernier, finit ses courses au tout nouveau marché de plein air : « Cela correspond à ce que nous voulions : du vert, des commerces, de la qualité de vie », se réjouit-elle.
Transports en commun
« Ginko a été construit dès le départ dans une zone qui devait être desservie par les transports en commun grâce à l’extension de la ligne C du tramway, souligne Benjamin Nguyen Huu, directeur de l’aménagement d’UrbanEra, filiale de Bouygues immobilier qui réalise cette zone d’aménagement concerté (ZAC) privée. D’où le choix, malgré la proximité de la rocade, de laisser une place réduite à la voiture : 1,3 place en moyenne par logement, alors qu’à l’époque, on en prévoyait deux. »
Présidente de l’association des habitants de l’écoquartier, Isabelle Bertin salue « cette option très avant-gardiste ». « Sauf que, quand les parents travaillent hors du centre-ville de Bordeaux, à Pessac ou à Mérignac, les deux doivent avoir une voiture… », souligne-t-elle. Un point que la Ville tente de régler en mutualisant les parkings du quartier.
Vitrine verte
À l’origine du projet, l’ancien maire Alain Juppé voulait faire de Ginko une vitrine verte de sa ville. C’est réussi : l’écoquartier figure parmi les 87 opérations bénéficiant du meilleur classement en France. Il coche pour cela plusieurs cases : mixité sociale (35 % de logements sociaux, plus une part en accession sociale à la propriété, pour environ la moitié de l’immobilier en marché libre) et fonctionnelle (près des pôles d’emploi tertiaires et industriels), bâtiments basse consommation…
Bouygues veut poursuivre en ce sens avec son dernier îlot, consacré « bâtiment frugal bordelais », un label créé par la nouvelle municipalité écologiste pour favoriser la construction bas carbone, avec des matériaux locaux et biosourcés.
Chauffage au bois
« Ginko a fait le pari fort de la végétalisation et d’espaces publics accueillants, souligne Eric Aufaure, coordinateur du pôle transition énergétique à l’Ademe Nouvelle-Aquitaine. Cela rend plus acceptable aux habitants les constructions verticales et la densité. »
Autre point déterminant : le réseau de chaleur (et de froid pour les commerces), raccordé à une chaufferie centrale alimentée principalement par du bois de provenance locale. « Un atout face à l’envolée des prix du gaz et de l’électricité, insiste Eric Aufaure. D’autant que les logements sont bien isolés. » Pascal, un habitant, paie 500 € par an de chauffage, deux fois moins que dans son précédent logement tout électrique.
Vincent Maurin, maire adjoint du quartier Bordeaux-Maritime, se réjouit que le réseau de chaleur soit prochainement étendu aux Aubiers : « Cela permettra de faire vivre ensemble les deux quartiers autour des enjeux énergétiques. Car l’enjeu du rapprochement avec un quartier 100 % logement social reste entier. L’ouverture du collège de Ginko à la rentrée prochaine y contribuera. »
Chaufferie à biomasse © Wikipédia
Deux points noirs
Un temps très critiqué pour les malfaçons de ses logements, l’écoquartier bénéficie cependant, selon l’élu communiste, « d’une bonne image auprès de ses habitants, comme l’a souligné une étude de l’agence d’urbanisme de Bordeaux Aquitaine, a’urba, en 2018 ».
« Avec deux réserves : les questions de sécurité, pas propres à Ginko, et la collecte des déchets, pas optimale », reconnaît-il. Les bacs enterrés, choisis pour des raisons écologiques afin d’encourager le tri, ont été agrandis. Les habitants espèrent désormais l’arrivée de services publics manquants, dont un bureau de poste.