Les vrombissements aigus des voitures tunées, dont certaines sont modifiées pour justement émettre davantage de bruit, pourrissent le quotidien de Stéphane, qui vit dans le quartier Ginko à Bordeaux depuis six ans. « Vous les entendez que vous soyez en train de regarder la télé ou d’écouter de la musique », témoigne cet ancien parisien, qui pensait déménager dans une calme ville de Province. Et il ne parle pas seulement des jeunes à moto qui s’amusent à quelques rodéos nocturnes à la période estivale.
Tous les vendredis soirs, c’est le même manège : des adeptes du tuning, procédé qui consiste à apporter des modifications visuelles et/ou techniques à son véhicule, se réunissent à partir de 22 h sur le parking d’Auchan et de Leroy Merlin. Ils comparent leurs bolides, la puissance de leurs moteurs, et des démonstrations sont même organisées sous le regard d’un public parfois assez dense, venu de toute la région.
« Je comprends que ça génère de l’inquiétude »
Ces réunions sont connues du maire adjoint du quartier Bordeaux Maritime Vincent Maurin, qui a même assisté à l’une d’entre elles. S’il estime qu’il n’y a pas de problème de sécurité particulier dans ces rassemblements à l’esprit qu’il qualifie de « bon enfant », les nuisances sonores sont, elles, indéniables. « Je comprends que ça génère de l’inquiétude parce que ça fait beaucoup de voitures qui traversent un quartier », conclut-il. Stéphane confirme : ce ne sont pas une fois sur le parking que ces véhicules sont gênants mais quand ils s’y rendent ou qu’ils en partent, parfois à 3 h du matin, en passant par les rues du quartier.
Des petites « courses » peuvent aussi être organisées dans les rues adjacentes qui se prêtent à une belle accélération. C’était le cas sur le cours Jules Ladoumègue, entre le stade et le parc des expositions et des bandes rugueuses ont été installées par la mairie pour décourager les participants, soucieux de ne pas abîmer leurs voitures relookées parfois à grands frais. Si la ligne droite est à l’écart des habitations le problème reste à nouveau qu’ils empoisonnent la vie des riverains sur leur passage.
« La police se déplace quand elle est contactée, assure Vincent Maurin. Elle verbalise quand elle peut mais elle s’est refusée à faire des permanences régulières pour encadrer ces rassemblements sauvages qui commencent sur un lieu privé, le parking d’Auchan. » Contactée par 20 Minutes, la direction départementale de la sécurité publique n’a pas répondu à notre sollicitation.
« Il y a une tolérance totale ! »
Un groupement partenarial opérationnel (GPO), un outil de coopération créé par la police nationale, a été déclenché sur ce sujet et associe le groupe Auchan pour trouver une solution. Dans ce cadre, « la police travaille à une sécurisation du parking après 22 h au moyen d’un barriérage, les agents de sécurité se faisant vite déborder », précise le maire adjoint du quartier. L’accès serait réservé aux activités de livraison du supermarché, pour éviter des attroupements sur les parkings. Vincent Maurin rapporte que cette solution est actuellement à l’étude et espère qu’elle se concrétisera rapidement.
Cette solution ne fera peut-être que déplacer le problème vers un autre lieu de rendez-vous mais aurait le mérite de rendre le quartier moins accueillant. Pour s’assurer des nuits plus tranquilles, les riverains souhaiteraient que des dos-d’âne soient aussi installés dans les rues traversant le quartier, afin de dissuader les runs et rifts. Ils apprécieraient aussi que des patrouilles de police se montrent le vendredi soir dans le secteur.
« Pour l’instant, il y a une tolérance totale de cette pratique, jusqu’à ce qu’un accident se produise, estime Stéphane. Il y a régulièrement du mobilier urbain défoncé par ces pratiquants. » Pour lui, ces véhicules tunés, (et dont certaines modifications doivent faire l’objet d’une homologation par l’administration), circulent en toute impunité. « Accepter des bruits comme la circulation routière normale, les bus, les camions poubelle etc. quand on habite en ville c’est tout à fait logique mais pas ces rodéos parce qu’ils sont illégaux. »
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