"Je regrette énormément et je m'excuse auprès des victimes", affirme l'homme de 32 ans, qui comparaît ce mercredi 7 juin au tribunal correctionnel de Bordeaux, pour avoir blessé six personnes lors d'un rodéo sauvage le 14 avril dernier, dans le quartier du Lac à Bordeaux.
Quatre chefs d’accusation ont été retenus contre lui : blessures involontaires aggravées, délit de fuite, manquement délibéré aux règles de conduite et infraction à la loi sur les rodéos motorisés.
Loin des clichés, le prévenu, incarcéré depuis le mois d'avril, a un casier judiciaire vierge et travaille dans le domaine de la logistique. Il souffre d'une myopathie qui lui demande des soins réguliers.
Six personnes blessées
Ce soir d'avril, rue du Professeur Darget, un rodéo sauvage, c'est-à-dire une course de voiture illégale, est organisé. Une centaine de personnes assistent à l'événement. Vers 23h10, un accident se produit : le conducteur d'une Citroën C3 perd le contrôle du véhicule dans un virage et fonce dans la foule.
Bilan : six personnes sont blessées, dont deux grièvement. "Plusieurs voitures ont tourné, tout allait bien. Jusqu’au moment où la voiture qui nous a percutés n’a pas réussi son virage. Elle a fini sur le trottoir et nous a tous percutés, témoignait, quelques heures après le drame, Jade Bisson, 18 ans, blessée à la jambe. J’ai voulu me retourner, mais à ce moment, elle était derrière moi à deux centimètres. J’ai fermé les yeux et j’ai été éjectée cinq ou six mètres plus loin".
Délit de fuite et mise à tabac
Le conducteur prend ensuite la fuite, mais "est poursuivi par des témoins qui finissent par le bloquer sur la commune de Bassens", précisait alors le communiqué du parquet, avant d'être interpellé par la police.
Entendu aujourd'hui à la barre, l'accusé a raconté sa version des faits. Il a tout d'abord expliqué qu'il n'avait pas l'intention de participer au rodéo, venant uniquement en tant que spectateur. Influencé et entraîné par la foule, il décide finalement de prendre le volant et c'est lors du dernier tour que le drame s'est produit.
"Au troisième tour, je perds le contrôle du véhicule dans le virage et tape le trottoir. Sur le coup, j'ai le choc, j'avais les passagers dans ma voiture en pleurs, puis la panique de me faire taper dessus. J'ai voulu me mettre dans un endroit plus tranquille", a détaillé le trentenaire lors du procès.
Les gens m'ont poursuivi et m'ont tabassé sur le pont d'Aquitaine. Quand je me suis relevé, il n'y avait plus personne.
Le prévenu souffre ainsi de multiples traumatismes au visage, au thorax, au bassin et aux jambes.
Trois ans de prison requis
Après quatre heures d'audience, le délibéré a été rendu ce mercredi soir. L'accusé est condamné à 3 ans d'emprisonnement, dont 24 mois avec sursis. Les 12 autres mois se feront sous bracelet électronique, compte tenu de son état de santé. Son véhicule sera également confisqué et son permis de conduire sera suspendu pendant 12 mois.
Nouvelle mesure prise par la préfecture
En réaction à ce dramatique accident, le préfet de la Gironde a annoncé autoriser l’utilisation de drones du 5 juin au 2 septembre 2023, dans trois quartiers bordelais (Grand Parc, Bacalan et La Benauge), "où la récurrence des phénomènes de rodéos urbains est élevée", selon le communiqué de presse.