La mairie de Bordeaux va livrer aux habitants de l’écoquartier Ginko le détail des analyses qui l’ont poussée à fermer certains espaces verts à la promenade, entre la plage du Lac, au sud, et le pont qui enjambe la rocade, au nord, le long de la rive sud-est. À l’occasion des travaux d’aménagement de la promenade qui fait le tour du Lac, la municipalité a découvert que les sols des espaces verts compris entre l’avenue Marcel Dassault et le plan d’eau sont pollués par endroits aux métaux lourds. Des traces de cadmium, un métal qui peut être présent dans le sol à l’état naturel ou résulter d’une activité industrielle passée, ont été détectées. Il s’agit d’une pollution ancienne, qui remonte probablement à l’aménagement du quartier du Lac au début des années 60, avec l’apport de remblai non contrôlé sur le plan de la pollution.
Ce qui a poussé la mairie à poser des clôtures sur de nombreuses parcelles habituellement fréquentées par les habitants de Bordeaux, dont ceux de Ginko. Lundi 2 juin au soir, un conseil de proximité s’est tenu au cœur de l’écoquartier, où les habitants ont exprimé leur volonté d’en savoir plus sur cette pollution. Certains sont restés sur leur faim, comme Isabelle Bertin, présidente de l’association des Habitants de l’écoquartier Ginko.
« On n’a rien eu »
« Cette réunion était décevante, car nous attendions des informations précises, avec des chiffres, des taux, des lieux, etc. Où les prélèvements de sols ont-ils été réalisés, quelles sont les doses de polluants détectées ? On a demandé des détails, on n’a rien eu », déplore-t-elle.
Deux informations ont toutefois été données. Tout d’abord, la pollution serait superficielle, sur une épaisseur de sol de 15 centimètres environ. Ensuite, les prélèvements réalisés dans l’eau du Lac n’ont révélé aucune pollution. Idem pour le campement de SDF, sous le pont qui enjambe la rocade : la terre n’y est pas polluée. Pour le reste, les habitants estiment qu’ils ne sont pas beaucoup plus avancés.
Contacté ce mardi, l’adjoint au maire chargé de la nature en ville, Didier Jeanjean, confirme que le détail des analyses sera communiqué aux habitants. S’agissant de documents assez techniques, il n’a pas voulu les montrer en réunion publique « où tout se passe à l’oral ». Seront transmis notamment les relevés de sol réalisés par l’Apave, le rapport de non-contamination de l’eau, précise-t-il.
« Les espaces laissés ouverts ne sont pas pollués »
« Nous avons fermé ces espaces verts parce que nous n’avons pas eu le choix, ajoute Didier Jeanjean, c’est l’application de la réglementation. Il faut dire aux habitants qu’il n’y a aucun risque : les espaces laissés ouverts ne sont pas pollués, les autres sont fermés à la circulation. Même à l’intérieur de ces espaces, le risque est faible : pour avoir un problème, il faudrait que la terre soit nue, ce qui n’est pas le cas, et que quelqu’un la porte à sa bouche tous les jours pendant dix ans. »
Les espaces clôturés sont placés sous observation. Sachant qu’une dépollution est extrêmement coûteuse, la mairie ne l’envisage que de façon très partielle. Les clôtures sont donc appelées à durer.