Ginko : ça coince pour le centre commercial

Sud Ouest | 14/02/2012

Alain Juppé a visité le chantier Ginko hier. L'occasion de faire le point des travaux et des questions qui restent en suspens.

Ginko : ça coince pour le centre commercial

«Nous avons dû nous rendre à Fribourg pour voir à quoi ressemblait un écoquartier, les gens viendront bientôt à Bordeaux pour voir de quoi il s'agit », relève Alain Juppé en visitant le chantier de Ginko, le premier écoquartier d'une telle ampleur en Aquitaine et même en France.

Il est vrai que ce chantier est impressionnant. Encore plus peut-être même par ces temps de grand froid, quand les immeubles gris béton ou orange brique se détachent sur le fond neigeux.


Bordeaux-Lac. Philippe Cousty (à gauche) fait découvrir le chantier à Alain Juppé et Michel Duchêne. © photo : Photo Guillaume BONNAUD Sud-Ouest

Pas de temps à perdre

Casqué comme le stipule le règlement et chaudement habillé comme le commande tout autant cette période glaciale, le maire n'est pas là cependant pour lancer des fleurs sur le projet, mais pour juger l'avancement des travaux. En d'autres termes, pour voir si tout va bien et réagir si nécessaire, son guide n'étant autre que Philippe Cousty, directeur régional de Bouygues Immobilier.

Le chantier avance à grands pas et « dans d'excellentes conditions », selon ce dernier. Ca se voit. Une bonne partie des immeubles prévus dans le cadre de la première tranche se dresse au milieu du terrain. On devine les rues, les futurs jardins, le futur canal (complètement gelé !)

Même l'école primaire est là, au milieu ; et tout au fond là-bas, on aperçoit le bâtiment qui abritera la chaudière centrale (tous combustibles). L'on peut déjà traverser le futur parc et marcher à grandes enjambées sur l'artère centrale au cœur de laquelle passera le tramway.

« On n'a pas de temps à perdre. Les premiers occupants arrivent cet automne. Toutes les rues, les jardins et les parties communes devront être finis », précise le patron régional de Bouygues. Le tram ne répondra pas, toutefois, à ce premier rendez-vous. La liaison Aubiers-Ginko sera ouverte fin 2013.

Pas de problème plus grave ? Si, et il est de taille celui-là. Le projet de centre commercial est totalement à l'arrêt. 26 000 mètres carrés de surfaces commerciales sont prévues dans le nouveau quartier. Toutes les autorisations sont accordées, le permis de construire aussi mais, à ce jour, aucune grande enseigne n'a souhaité s'installer en ces lieux.

« Nous avions chargé Immochan, qui connaît bien le quartier pour y être déjà fortement implanté, de mener à bien le dossier. Il n'y est pas parvenu. Nous reprenons la main », révèle Philippe Cousty. Les raisons ? Nul besoin d'être expert pour les connaître. La crise, les craintes pour l'avenir, le fait aussi que l'agglo frôle l'overdose en matière d'urbanisme commercial. Les grandes enseignes font la moue.

« Nous allons devoir tout revoir » explique Philippe Cousty « Voir par exemple si nous ne pouvons pas faire quelque chose de plus mixte. Plus seulement des magasins, des logements aussi. Nous allons également retravailler les prix. » Tout cela va inévitablement prendre du temps.

Alain Juppé prend bonne note de ce retard. Il se dit cependant satisfait de l'avancement du reste chantier et de l'allure que celui aura en phase finale. Avec ses 6 000 nouveaux habitants.

Oui au collège privé

Les piques lancées par certains ces derniers jours ne lui hérissent même pas le poil. Un collège privé sur la zone ? « Pour notre part, nous construisons une école primaire et comme vous le voyez, elle est en bonne voie. Elle sera ouverte à la rentrée. Qu'il y ait maintenant un collège privé, ça ne me dérange pas. Je m'en réjouis même. Le département a décidé de construire un collège public de l'autre côté du lac. Un établissement privé de ce côté-là, pourquoi pas ? »

Le maire ne semble pas plus disposé à mettre de l'huile sur le feu d'un autre débat : faut-il ou non construire une mosquée et une église dans le futur quartier ? Pour lui, la liberté d'expression, la liberté de pratiquer la religion de son choix doivent impérativement dominer les débats. « Si le diocèse veut construire une église, si la communauté musulmane veut construire une mosquée, les deux lieux de culte seront les bienvenus. »


Auteur(s) : © Sud Ouest

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