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C’est la fin du gigantisme chez Auchan. Qu’elles portent l’enseigne de Carrefour, U, Leclerc ou Auchan, les cathédrales de la consommation ne font plus recette. À Bordeaux-Lac, le plus grand hypermarché de toute la région Nouvelle-Aquitaine est à l’heure des révisions déchirantes. Au mois de mai, Auchan Lac entamera une reconfiguration qui va lui faire perdre 5 000 m². « On est à plus de 18 000 m² aujourd’hui, on sera autour de 13 000 m² en novembre prochain », confirme son directeur, Jean-Pierre Lopy. C’est la fin d’un modèle basé sur le toujours plus grand.
Auchan Lac va perdre de la surface dans le cadre d’un plan national baptisé « Cap 8 000 » à l’échelle du groupe. À l’avenir, c’est la taille maximum des futures surfaces de vente. Ce plan s’inscrit dans un contexte économique difficile. Auditionné en janvier par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, le directeur général d’Auchan retail et président d’Auchan France, Guillaume Darrasse, a détaillé « les bouleversements du secteur de la grande distribution ». En 2023, le groupe Auchan a enregistré des pertes de 350 millions d’euros (pour 32,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires), « en 2024 ce sera sans doute 296 M€ de pertes », a-t-il précisé.
Le plus petit des « gros »
Auchan a un double handicap. D’une part, il est le plus petit des « gros » distributeurs. Il représente 9,5 % de parts de marché dans la distribution, loin derrière Leclerc (24 %), Carrefour (22 %), Intermarché (17 %) et U (12 %). Pas le mieux placé pour acheter ses produits, Auchan vient de signer un partenariat d’achat avec Intermarché. D’autre part, il a misé son développement sur les très grands hypermarchés, or « il y a aujourd’hui une désaffection pour ce modèle. Face à la concurrence des enseignes spécialisées et de la vente en ligne, il y a une perte d’attractivité des hypermarchés », a expliqué Guillaume Darrasse aux députés.
En novembre 2024, le groupe Auchan a annoncé une réorganisation qui comprend un plan social de 2 389 suppressions de postes. À l’échelle de Bordeaux-Lac, 12 postes vont être supprimés. La réorganisation entraîne aussi la fermeture de trois hypermarchés (Clermont-Ferrand, Woippy et Bar-le-Duc) et la réduction de la surface de 119 magasins, dont celui de Bordeaux Lac. Objectif : rationaliser les surfaces et recentrer les hypermarchés sur ce qui marche le mieux : l’alimentaire, les produits frais, les articles de première nécessité. Au détriment de tout ce qui ne se mange pas.
Sept mois de travaux
Au Lac, l’hyper va être amputé de ses deux extrémités, sur une surface de 5 000 m². Ce qui est aujourd’hui la jardinerie (extrémité nord), notamment, va disparaître. « Attention, on supprime des surfaces, pas les produits qui s’y trouvent aujourd’hui », précise Jean-Pierre Lopy. Effectivement, l’enseigne continuera de vendre des produits liés au jardin, à l’image, au son, à l’électroménager, au textile ou encore à la téléphonie, mais sur des surfaces bien plus réduites qu’aujourd’hui. « On vendra des téléviseurs, mais on n’a pas besoin d’avoir 70 modèles différents dans le rayon », justifie Jean-Pierre Lopy.
Cette réorganisation va s’étaler sur sept mois entre mai et fin novembre 2025. Il s’agit de monter deux murs à l’emplacement des nouvelles extrémités de l’hyper pour le cantonner dans sa nouvelle dimension. Et ensuite de revoir la disposition de tous les rayons de l’hyper. Certains, notamment l’alimentaire, auront plus de places et d’offres qu’aujourd’hui. Le directeur promet « une offre alimentaire de très haut niveau ». La direction d’Auchan évoque également une meilleure ergonomie générale.
Sur les 5 000 m² libérés par la réduction de la surface, Auchan installera de nouvelles enseignes commerciales, « des moyennes surfaces qui viendront renforcer l’attractivité du site ».