Sur 3.700 m2, Ivazio Island comprend 30 salles proposant des activités de loisirs variées à Bordeaux Ginko.
Douze ans après sa construction, l'écoquartier Ginko, au bord du lac de Bordeaux, se trouve peu à peu une âme. Un endroit où les commerces et enseignes de restauration rapides se sont faits une place. Et, désormais, c'est un complexe de loisirs d'un nouveau genre qui a ouvert ses portes sans concurrence frontale, hormis les deux salles d'escalade voisines. Une arrivée « capable de dynamiser la zone » et dont « les autres commerçants étaient demandeurs », assure Cédric Ozturk, le fondateur et propriétaire de ce vaste parc de loisirs d'intérieur baptisé Ivazio Island.
Ivazio Island c'est un pari. Celui d'aller à l'encontre d'une prétendue bourrasque de paresse post-Covid : 45 % des Français auraient de manière générale la flemme de sortir de chez eux à en croire un sondage Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès de septembre 2022. De même, si les salles de cinéma ont relevé la tête en 2022, leur fréquentation reste inférieure de 27 % aux années d'avant la pandémie.
Un lancement « réussi »
Ivazio Island s'est donc donné les moyens pour tenter de faire changer d'avis les Français : sur 3.700 m2, le lieu comprend 30 salles proposant des activités variées plus ou moins innovantes : prison island (une forme d'escape game), bowling, karaoké, mini-golf et autres machines d'arcades pour des tarifs allant de 3 à 80 euros en fonction des jeux. Son créateur, l'ancien lyonnais Cédric Ozturk, est un ingénieur reconverti dans l'entrepreneuriat à partir de 2013. Il est notamment l'ancien gérant du site e-commerce LudiBay, qu'il a par la suite revendu. L'idée d'un centre de loisirs lui vient en 2019, puis les travaux sont entamés en 2020, régulièrement entrecoupés par la crise sanitaire. Ce contexte a rendu d'autant plus pénible la quête de financements compte-tenu de la frilosité des banques à accorder des prêts pour ce genre de projet.
Pourtant, au-delà de l'investissement personnel, « la Banque Populaire a bien voulu nous soutenir dès le début en tant que partenaire financier. Et depuis beaucoup d'autres banques sont venues vers nous », constate Cédric Ozturk, quelques semaines après l'ouverture qu'il juge « réussie ». Sur le premier mois, Ivazio Island a enregistré quelque 15.000 visiteurs pour un chiffre d'affaires de 150.000 euros, soit un panier moyen d'une dizaine d'euros. Si l'affluence reste modérée la semaine, le week-end devient vite « noir de monde », assure le gérant. L'équipe d'une douzaine de personnes est alors parfois contrainte d'éconduire des familles en vu de l'attente lors des pics de fréquentations « deux à trois fois plus forts que ce que l'on peut accueillir », explique le directeur, qui a investi 3,2 millions d'euros dans l'affaire.
© Ivazio Island
Fléau énergétique
Ivazio Island bénéficie de sa proximité avec la vaste zone commerciale de Bordeaux Lac qui permet d'attirer de la clientèle. D'autant plus que le relatif éloignement du centre-ville est compensé par une bonne desserte : ligne de tramway directe depuis le centre-ville (17 minutes de trajet), bus, et même un parking de 1.000 places en dessous du bâtiment.
Mais à la fin du mois, l'addition est salée pour le chef d'entreprise qui s'acquitte d'un loyer mensuel d'environ 30.000 euros. C'est sans compter la facture d'électricité d'une hauteur de 18.000 euros sur la période du 1er au 20 décembre 2022, contre une estimation établie par EDF autour de 4.000 euros en amont du projet. Une crise énergétique cinglante qui éloigne petit à petit l'horizon d'atteinte de l'équilibre économique pour Ivazio Island initialement prévu en 2024. Pour Cédric Ozturk, la pilule est difficile à avaler :
« L'État parle de facilitateur pour renégocier nos contrats, mais ce n'est pas aussi facile. Après une réclamation écrite, il faut attendre deux mois pour qu'elle soit effective. [...] EDF est en train de nous tuer, si ça continue comme ça, ils mettent sérieusement notre activité en péril ».